
Une revue de la littérature réalisée par la FDVF, recoupant les articles de Dermatologie des journaux scientifiques les plus pertinents, sortis les 3 derniers mois (plus de 800 articles examinés). Nous sélectionnons 20 sujets qui pourraient intéresser les jeunes (et moins jeunes) dermatologues avec pour objectif de présenter des thèmes variés et de tenter d’en proposer une lecture critique dans de courts résumés.
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ONCODERMATOLOGIE
Chez les patients atteints de mélanome stade III BRAF-muté, les thérapies adjuvantes par inhibiteurs BRAF/MEK ou par anti-PD-1 améliorent la survie sans récidive (SSR). Toutefois, aucune étude comparative directe n’existe pour guider le choix entre ces deux options, et les données rétrospectives restent limitées par des suivis courts. L’objectif de cette étude néerlandaise est donc de comparer leurs performances en vie réelle, grâce à une base de données nationale prospective néerlandaise, avec un suivi prolongé.
L’étude inclut 952 patients (226 traités par BRAF/MEK, 726 par anti-PD-1), appariés par score de propension (223 dans chaque groupe). Le suivi médian est de 27,3 mois. La SSR à 2 ans est de 62,2 % (BRAF/MEK) vs 64,7 % (anti-PD-1), p = 0,80. La survie sans métastases à distance à 2 ans est identique dans les deux groupes (80,5 %), p = 0,58. La survie globale (OS) à 2 ans est de 86,3 % (BRAF/MEK) vs 89,1 % (anti-PD-1), p = 0,69. Il n’y a pas de différence significative entre les deux stratégies, bien que les courbes de survie croisent au cours du temps, ce qui suggère un effet variable selon la durée de suivi.
Concernant la tolérance, les effets indésirables de grade ≥3 touchent 11,7 % des patients sous BRAF/MEK et 13,4 % sous anti-PD-1. Cependant, les arrêts de traitement pour toxicité (tous grades) sont plus fréquents sous BRAF/MEK (32,7 % vs 20,4 %).
L’étude utilise des données de haute qualité, mais plusieurs biais demeurent possibles : suivi plus court pour les patients sous BRAF/MEK (remboursement plus tardif), biais d’indication résiduel possible malgré l’appariement, sous-déclaration probable des toxicités sous BRAF/MEK, absence de données sur les effets secondaires tardifs (fertilité, cardiovasculaire).
Bloem M, de Meza MM, van den Eertwegh AJM, et al. Adjuvant BRAF/MEK versus anti-PD-1 in BRAF-mutant melanoma: a propensity score matched survival analysis. Br J Cancer. 2025;132(12):1124-1130. doi:10.1038/s41416-025-03021-5
10.1001/jamadermatol.2024.4900
La majorité des mélanomes cutanés diagnostiqués sont des tumeurs de faible épaisseur (≤1,0 mm), souvent associées à un très bon pronostic. Pourtant, des décès liés au mélanome surviennent même dans cette population. Or, les recommandations thérapeutiques et les seuils de suivi reposent souvent sur la valeur de 0,8 mm de Breslow sans consensus fort. Il est donc crucial d’évaluer si cette limite est cliniquement pertinente pour prédire la mortalité spécifique liée au mélanome.
Cette vaste étude de cohorte, portant sur 144 447 patients australiens atteints d’un mélanome invasif fin (≤1,0 mm) diagnostiqué entre 1982 et 2014, met en évidence un lien net entre l’épaisseur tumorale et la mortalité spécifique au mélanome. Les auteurs montrent que le taux de décès lié au mélanome à 20 ans est de 6,0 % pour les tumeurs mesurant moins de 0,8 mm, contre 12,0 % pour celles comprises entre 0,8 et 1,0 mm. De manière corrélée, les taux de survie spécifique à 20 ans s’élèvent à 94,2 % pour les tumeurs <0,8 mm, et à 87,8 % pour les tumeurs ≥0,8 mm. L’analyse multivariée confirme que les mélanomes d’une épaisseur de 0,8 à 1,0 mm sont associés à un risque significativement accru de décès spécifiquement lié au mélanome. Le risque absolu est multiplié par 2,92 (HR 2,92 ; IC95 % : 2,74–3,12), et le taux de décès spécifique est presque triplé (HR 2,98 ; IC95 % : 2,79–3,18), par rapport aux tumeurs plus fines. En revanche, l’épaisseur de Breslow n’a aucune influence sur la mortalité liée à d’autres causes que le mélanome. Ces résultats appuient fortement la pertinence du seuil de 0,8 mm dans la stratification du risque et la décision thérapeutique pour les patients atteints de mélanome fin.
Malgré sa puissance statistique, cette étude reste rétrospective, avec des limites propres aux registres nationaux (données cliniques limitées, absence d’information sur les marges, le nombre de mitoses, la présence d’ulcération, etc.). De plus, l’évolution des pratiques diagnostiques et thérapeutiques entre 1982 et 2014 peut introduire une hétérogénéité. Enfin, la population australienne ne peut pas être totalement extrapolable à d'autres pays à moindre exposition solaire.
Cette vaste étude valide cliniquement le seuil de 0,8 mm comme tournant pronostique dans les mélanomes fins. Elle soutient son utilisation comme critère décisionnel dans la prise en charge et le suivi.
Lo SN, Williams GJ, Cust AE, et al. Risk of Death Due to Melanoma and Other Causes in Patients With Thin Cutaneous Melanomas. JAMA Dermatol. 2025;161(2):167-174. doi:10.1001/jamadermatol.2024.4900
10.1001/jamadermatol.2024.4819
La charge tumorale mutationnelle (TMB : Tumor mutational Burden) est un marqueur pronostique important dans le mélanome avancé : plus elle est élevée, meilleure est la réponse aux inhibiteurs de points de contrôle immunitaire (IPC). On sait que l’exposition chronique aux UV augmente le TMB. L’usage des cabines de bronzage est un facteur de risque connu de mélanome, mais son lien avec le TMB n’a jamais été clairement établi. Cette étude cherche donc à savoir si le bronzage artificiel est associé à un TMB plus élevé dans le mélanome cutané.
Dans cette étude rétrospective (617 patients traités entre 2013 et 2022 à l’institut Dana-Farber), 22 % des patients déclarent une exposition au bronzage artificiel. Après ajustement sur les facteurs cliniques et dermatologiques, il n’est retrouvé aucune association significative entre exposition aux UV artificiels et TMB (log2 TMB : 4,07 vs 3,97 ; p = 0,39). En revanche, un TMB significativement plus élevé est observé chez les patients plus âgés (≥73 ans, p<0.001), ceux avec un mélanome situé en zones photo-exposées (tête/cou : p<0.001), et ceux avec des antécédents de cancers cutanés non mélanocytaires (p < 0,001). À l’inverse, les patients ayant des nævus atypiques présentent un TMB plus bas (p = 0,01). Les mélanomes métastatiques ont un TMB plus faible que les tumeurs localisées (p = 0,005).
L’étude présente toutefois plusieurs limites : collecte rétrospective des données d’exposition UV (bronzage et coups de soleil), taille modérée de la cohorte (617 patients), possible biais de sélection (lié à l’institut Dana Farber, avec des patients à plus haut risque), et impossibilité de savoir si les mélanomes chez les porteurs de nævus atypiques sont apparus au sein de ces lésions.
L’exposition aux UV artificiels augmente le risque de mélanome, mais ne semble pas influencer le TMB, et donc n’est probablement pas prédictif de la réponse à l’immunothérapie. Le TMB est plus élevé chez les patients âgés, avec des lésions en zones chroniquement exposées, ou des antécédents de cancers cutanés non mélanocytaires, ce qui pourrait orienter le choix des traitements adjuvants ou systémiques.
Hanrahan GB, Giobbie-Hurder A, Allais B, Vogelzang J, Fay C, Tsibris HC. Melanoma Tumor Mutational Burden and Indoor Tanning Exposure. JAMA Dermatol. 2025;161(2):198-202. doi:10.1001/jamadermatol.2024.4819
Les carcinomes annexiels cutanés sont rares et hétérogènes, avec plus de 20 sous-types histologiques. Leur gestion thérapeutique reste mal codifiée, notamment en l'absence de recommandations claires sur l’usage de la radiothérapie. Si la chirurgie est le traitement de référence en cas de tumeur localisée, l'efficacité de la radiothérapie n’a jamais été évaluée à grande échelle. Le réseau français CARADERM a été conçu pour mieux comprendre ces cancers rares, à travers une base de données multicentrique.
Cette étude rétrospective, menée à partir de la base de données nationale CARADERM, analyse les données de 657 patients atteints de carcinomes annexiels cutanés, à l’exclusion des carcinomes sébacés et des maladies de Paget extra-mammaires. Les auteurs distinguent trois populations : les patients traités par chirurgie pour une tumeur primitive (516 cas), ceux opérés pour une récidive (61 cas), et enfin les patients présentant une maladie localement avancée ou métastatique (80 cas).
Chez les patients opérés d’une tumeur primitive, la radiothérapie n'améliore pas la survie globale à 3 ans, qui reste excellente (94 %). En revanche, elle est associée à un risque accru de récidive : le taux de récidive à 3 ans atteint 37,5 % chez les patients irradiés, contre 15,7 % chez ceux n’ayant pas reçu de radiothérapie. Ce résultat devient significatif après ajustement sur l’âge et le sexe (HR ajusté : 3,03 ; p = 0,033), probablement en lien avec des tumeurs plus agressives dans le groupe irradié (invasions périnerveuses présentes dans 41,7 % des cas irradiés vs 7,3 %). Chez les patients traités pour une récidive, la radiothérapie ne montre aucun bénéfice en termes de survie globale ni de récidive. La survie globale à 3 ans est de 93,4 % et la survie sans récidive de 67,8 %, sans différence significative entre les groupes avec ou sans radiothérapie. Enfin, dans les formes localement avancées ou métastatiques, la radiothérapie est associée à une amélioration significative de la survie sans progression : 52,1 % à 3 ans de récidive chez les patients irradiés contre 69,2 % chez les non irradiés, avec un hazard ratio ajusté de 0,45 (p = 0,036). En revanche, elle n’améliore pas la survie globale, qui est de 75 % à 3 ans. Il est intéressant de noter que la majorité des progressions observées dans le groupe irradié survenaient en dehors des zones traitées, suggérant un bon contrôle local de la maladie.
L’étude met également en évidence plusieurs facteurs pronostiques défavorables, notamment l’âge élevé, une taille tumorale importante, et un statut immunodéprimé, en particulier dans les formes localisées.
Les principales limites sont liées à la nature rétrospective de l’étude, avec de possibles biais de sélection : les patients irradiés avaient des tumeurs plus agressives. Le faible nombre de décès et de patients traités par radiothérapie limite la puissance statistique pour évaluer l’effet sur la survie globale. Enfin, l’absence de données détaillées sur l’ensemble des traitements systémiques rend l’analyse multifactorielle plus complexe. Ces résultats appellent à des études prospectives ciblées, notamment sur les sous-types spécifiques.
Zagala R, Dalle S, Beylot-Barry M, et al. Radiotherapy and prognostic factors in adnexal carcinomas: A retrospective study of 657 patients from the French CARADERM network. J Eur Acad Dermatol Venereol. 2025;39(3):586-593. doi:10.1111/jdv.20155
10.1001/jamadermatol.2024.4607
Le carcinome à cellules de Merkel (CCM) est un cancer cutané neuroendocrine rare mais agressif, dont l’incidence est en hausse constante. On connaît les principaux facteurs de risque à savoir l’immunosuppression, les rayonnements UV et l’infection par le polyomavirus de Merkel (MCPyV), mais leur contribution respective au développement de la maladie reste mal connue. Il s’agit d’une étude épidémiologique américaine (2001–2019) visant à estimer la fraction de cas de CCM attribuable à ces facteurs, à partir de registres de cancers liés au VIH, aux greffes d’organes solides, à la leucémie lymphoïde chronique (LLC), de données sur l’exposition aux UV, et d’une méta-analyse de 19 études sur la prévalence du MCPyV dans les tumeurs CCM.
Parmi les 38 020 cas de CCM recensés, 0,2 % sont attribuables au VIH (SIR : 2,78), 1,5 % à une greffe d’organe (SIR : 13,1), 0,8 % à la LLC (SIR : 5,75). Ces pathologies sont associées à un risque accru de CCM mais restent rares dans la population générale, expliquant leur contribution modeste (2,5 % au total).
En revanche, 65,1 % des CCM sont attribuables à l’exposition aux UV. Ce chiffre grimpe à 72,1 % pour les tumeurs de la tête et du cou, et reste élevé (60,2 %) pour les autres localisations. Le risque est fortement majoré chez les personnes blanches non hispaniques, vivant dans des régions à forte irradiation solaire.
La méta-analyse (n = 1024) montre que 63,8 % des CCM aux États-Unis sont MCPyV-positives, avec des résultats cohérents entre les méthodes de détection (PCR : 66,7 %, IHC : 62,0 %). Ce virus est donc fortement impliqué dans la pathogenèse du CCM, bien que l’absence de critère diagnostique standard reste une limite méthodologique.
Les limites de cette étude sont qu’il existe possiblement un chevauchement entre les rôles du MCPyV et des UV, notamment des zones photoexposées, et une possible synergie entre immunosuppression, UVR et MCPyV. Il existe aussi des limites inhérentes à ce type de recueil rétrospective, sur bases de données différentes, et induisant un possible biais de sélection.
Tribble JT, Pfeiffer RM, Brownell I, et al. Merkel Cell Carcinoma and Immunosuppression, UV Radiation, and Merkel Cell Polyomavirus. JAMA Dermatol. 2025;161(1):47-55. doi:10.1001/jamadermatol.2024.4607
Le carcinome à cellules de Merkel (CCM) est une tumeur cutanée rare et agressive. Le système de stadification AJCC (8e édition) est actuellement utilisé pour prédire la survie, mais il repose sur la survie globale (SG), un critère peu adapté à la population âgée concernée où les décès d’autres causes sont fréquents. En outre, ce système n’intègre pas d'autres facteurs cliniques ou tumoraux pourtant reconnus comme significatifs. Cette étude rétrospective internationale (cohortes américaine et britannique, n = 10 958 patients) compare la pertinence de deux critères de survie : la survie spécifique à la maladie (SSM) et la SG, tout en développant un modèle multivarié personnalisé pour affiner le pronostic du CCM.
La SSM est mieux discriminée par le système AJCC que la SG (indice de concordance : 0,65 vs 0,58, p < 0,001). Un modèle de risque compétitif a permis d’identifié plusieurs variables non incluses dans l’AJCC mais significativement associées à une SSM plus courte : localisation tronculaire (SHR = 1,96 ; p < 0,001), âge >84 ans (SHR = 1,79 ; p < 0,001), sexe masculin (SHR = 1,32 ; p < 0,001), statut marital non marié (SHR = 1,09 ; p < 0,001), invasion tumorale au-delà du tissu sous-cutané (SHR = 2,34 ; p < 0,001).
Un modèle intégrant ces paramètres au stade AJCC améliore nettement la performance prédictive : indice de concordance de 0,74 dans la cohorte US (vs 0,65 pour AJCC seul) et 0,77 dans la validation externe UK (p < 0,001). Ces résultats confirment la robustesse et la transférabilité du modèle.
Néanmoins, certains biais de sélection sont possibles, liés aux données manquantes, surtout dans la cohorte américaine. Le statut virologique (polyomavirus Merkel) ou l’influence des UV n’ont pas été inclus. De plus, la cohabitation sans mariage, absente des données US, pourrait être un facteur confondant. Enfin, ce modèle, bien que prometteur, n’est pas encore transposable directement en pratique sans validation prospective, ni forcément dans une population française..
Andrew TW, Erdmann S, Alrawi M, et al. A multivariable disease-specific model enhances prognostication beyond current Merkel cell carcinoma staging: An international cohort study of 10,958 patients. J Am Acad Dermatol. 2025;92(3):520-527. doi:10.1016/j.jaad.2024.10.096
Les lymphomes T cutanés (LTC), dont le mycosis fongoïde (MF) et le syndrome de Sézary (SS), sont rares et difficiles à traiter aux stades avancés. Il existe différents phénotypes cliniques décrits. Le profil TCM (cellules T mémoires centrales) concerne les patients présentant une érythrodermie diffuse (>80 % de la surface corporelle) sans antécédent de lésions palpables (papules, plaques, tumeurs), profil typique du syndrome de Sézary. Le profil TRM (cellules T résidentes mémoires) concerne les patients avec des lésions fixes, palpables (papules, plaques, tumeurs) et sans érythrodermie diffuse, typiquement le mycosis fongoïde. Enfin le profil TMM (cellules T migratrices mémoires) est intermédiaire et concerne les patients ayant érythrodermie + lésions palpables, donc mélange des deux profils cellulaires (TCM + TRM). L’alemtuzumab, un anticorps anti-CD52, montre une efficacité dans les LTC à composante leucémique, mais son usage reste empirique et peu étudié à faible dose. Cette étude rétrospective monocentrique analyse 38 patients avec un LTC traités par alentuzumab faible dose (10 mg d’alemtuzumab sous-cutanée 3x/semaine), avec un suivi d’au moins 5 ans. Les auteurs testent si le phénotype clinique prédit une meilleure réponse.
Le taux de réponse globale était de 63,2 % dont 44,7 % de réponse complète (CR). Tous les patients TCM répondent (CR ou PR), contre 53,5 % chez les TRM/TMM.. La réponse complète est atteinte chez 72,7 % des TCM vs 33 % des TRM/TMM (p = 0,03). L’absence d’antécédent de lésion palpable multiplie par 8,2 la probabilité d’obtenir une CR (IC95 : 1,2–57,6), indépendamment du taux de LDH et du délai entre diagnostic et traitement. La disparition du prurit est également plus rapide chez les TCM : 100 % en 3,4 mois vs 77,8 % à 12 mois chez les TRM/TMM. En cas de rechute, 42 % des patients reçoivent un second cycle d’alemtuzumab faible dose, bien toléré. Sur la survie, la mortalité à 5 ans est de 47 % (IC95 : 31–62 %) sans différence selon le phénotype (TCM vs TRM/TMM). La majorité des décès sont liés à la progression ou à des infections, mais seules 3 infections graves sont notées (8 %), confirmant la relative sécurité du traitement à faible dose.
Les limites de cette étude reposent sur son caractère rétrospective, monocentrique et le faible échantillon (n = 38), bien que conséquent pour une pathologie rare. Le phénotypage est basé sur l’observation clinique (présence ou non de lésion palpable), ce qui reste subjectif. Les données immunohistochimiques (CD52, CCR7, etc.) ne sont pas systématiquement corrélées à la réponse. Néanmoins, l’alemtuzumab faible dose semble être une option intéressante chez les patients avec un LTC à phénotype TCM, donc érythrodermie sans lésions palpables, de type syndrome de Sézary. Le traitement est globalement bien toléré, y compris en cas de rechute.
Larocca C, Bui AN, O'Malley JT, et al. Long-term outcomes and clinical phenotypes associated with best response to low dose alemtuzumab in cutaneous T-cell lymphoma. Blood Cancer J. 2025;15(1):69. Published 2025 Apr 17. doi:10.1038/s41408-025-01237-5
DERMATOLOGIE INFLAMMATOIRE
Malgré l’utilisation d’antihistaminiques H1 de deuxième génération, plus de la moitié des patients avec urticaire chronique spontanée (UCS) restent symptomatiques, et un quart continuent d’avoir des symptômes même à des doses quadruplées. Les anti-IgE comme l’omalizumab représentent la deuxième ligne, mais tous les patients n’y répondent pas. Face à ce besoin non couvert, les inhibiteurs sélectifs de la tyrosine kinase de Bruton (BTK), comme le remibrutinib, émergent comme une alternative prometteuse. Deux essais cliniques de phase 3, REMIX-1 et REMIX-2, ont évalué l’efficacité et la tolérance du remibrutinib (25 mg 2x/j) versus placebo chez 925 patients atteints d’UCS active malgré traitement par antihistaminiques. Le critère principal était la variation du score UAS7 (0 à 42, plus il est élevé, plus la maladie est sévère) à 12 semaines.
Dans REMIX-1, le score UAS7 diminue en moyenne de −20,0 points sous remibrutinib contre −13,8 sous placebo (P<0,001). Dans REMIX-2, la baisse est de −19,4 versus −11,7 (P<0,001). Dès la semaine 1, l’amélioration est visible et se maintient jusqu’à 24 semaines. À 12 semaines, 49,8 % des patients de REMIX-1 et 46,8 % de ceux de REMIX-2 atteignent une forme bien contrôlée (UAS7 ≤6), contre seulement 24,8 % et 19,6 % sous placebo. Une absence complète de symptômes (UAS7 = 0) est observée chez 31,1 % (REMIX-1) et 27,9 % (REMIX-2) des patients sous remibrutinib, contre 10,5 % et 6,5 % sous placebo (P<0,001 pour toutes les comparaisons).
La tolérance est bonne avec un taux global d’effets indésirables similaire entre les groupes (64,9 % remibrutinib vs 64,7 % placebo), principalement bénins ou modérés. Les cas de pétéchies sont plus fréquents sous remibrutinib (3,8 % vs 0,3 %), mais restent le plus souvent transitoires.
Le remibrutinib permet un contrôle rapide et significatif des symptômes d’UCS réfractaire, avec un profil de tolérance rassurant à 24 semaines. Cependant, l’étude reste limitée à 24 semaines pour les données comparatives (même si une extension à 52 semaines est en cours). Par ailleurs, les données manquent encore sur l’efficacité versus l’omalizumab ou d’autres biothérapies. Enfin, le coût potentiel du traitement et l’accès futur à cette molécule dans les différentes pratiques cliniques restent à préciser.
Metz M, Giménez-Arnau A, Hide M, et al. Remibrutinib in Chronic Spontaneous Urticaria. N Engl J Med. 2025;392(10):984-994. doi:10.1056/NEJMoa2408792
10.1001/jamadermatol.2024.3717
Cette étude de cohorte multicentrique menée aux Pays-Bas a évalué la poursuite du traitement ("drug survival") chez 362 enfants (âgés de 2 à 17 ans) atteints de dermatite atopique modérée à sévère, traités par dupilumab à la dose approuvée par la US Food and Drug Administration, méthotrexate (MTX) à la dose de 0.2-0.4mg/kg/semaine ou ciclosporine A (CsA) à la dose de 3-5mg/kg/j entre 2013 et 2023.
Le traitement le plus souvent prescrit en 1ère ligne était la CsA (54,6%) puis le dupilumab (26,9%) et enfin le MTX (16,5%). 79 patients ont switché vers une deuxième ligne par dupilumab, 30 par MTX et 11 par CsA. Le dupilumab a montré les meilleurs taux de poursuite du traitement à 1, 2 et 3 ans de 84,1%, 72,3% et 62,0% respectivement ; MTX : 60,7 %, 39,3 %, 25,3 % respectivement et CsA : 43,9 %, 21,5 %, 10,4 % respectivement.
Au moment de l’analyse des données, les proportions d’épisodes arrêtés étaient de de 27,1 % pour le dupilumab (52 épisodes), 71,3 % pour le MTX (67 épisodes), 86,6 % pour la CsA (187 épisodes). Le motif principal d’arrêt tous traitements confondus était l’inefficacité (35,5 % des épisodes, soit 178 cas), particulièrement fréquente avec la CsA (56,5 % des arrêts), les effets indésirables (18,7 %, soit 94 épisodes), plus fréquents avec le MTX (29,8 % des arrêts). Les effets indésirables spécifiques menant à l’arrêt étaient les conjonctivites sous dupilumab, les nausées sous MTX, les céphalées sous CsA, les problèmes liés au mode d’administration ont conduit à l’arrêt dans 6,5 % des cas sous CsA (14 épisodes), 2,1 % sous MTX (2 épisodes), 5,2 % sous dupilumab (10 épisodes). Enfin, certains traitements ont été arrêtés pour contrôle satisfaisant de la maladie (10,2% des cas sous CsA, 6,4% sous MTX, 3,1 % sous dupilumab).
En conclusion, le dupilumab semble présenter la meilleure tolérance et efficacité à long terme chez l’enfant, ce qui pourrait aider à guider le choix thérapeutique dans la dermatite atopique pédiatrique. Les limites de l’étude sont son caractère rétrospectif partiel lors de la collection de certaines données et l'inclusion de plusieurs épisodes par patient ce qui peut avoir entraîné un biais d'information. Les données devraient être confirmées par d’autres études futures.
van der Rijst LP, Kamphuis E, Schuttelaar MLA, Hurmuz R, Seyger MMB, Caron AGM, Zuithoff NPA, Nguyen NT, Kamsteeg M, de Bruin-Weller MS, Pasmans SGMA, Middelkamp-Hup MA, de Graaf M. Drug Survival of Dupilumab, Methotrexate, and Cyclosporine A in Children With Atopic Dermatitis. JAMA Dermatol. 2025 Jan 1;161(1):12-21. doi: 10.1001/jamadermatol.2024.3717. PMID: 39412782; PMCID: PMC11581549
Le baricitinib (BARI), inhibiteur oral sélectif des JAK1 et 2, est validée pour le traitement de la pelade sévère chez l’adulte. L’objectif de cette étude était d’évaluer la durabilité de la réponse clinique à long terme après réduction de la dose (de 4 mg à 2 mg) chez les patients répondeurs à S52. 546 patients adultes avec une pelade sévère (définie par un score SALT ≥ 50) ont été inclus. Ils étaient randomisés initialement selon le ratio 2:2:3 soit dans le bras placebo (156 patients) soit dans le bras BARI 2mg/j (156 patients) soit dans le bras BARI 4mg/j (234 patients)
Les patients du groupe BARI 4mg/j ayant atteint une réponse clinique (définie par SALT ≤20) à S52 ont été re-randomisés 1:1 soit pour poursuivre le BARI à 4 mg/j, soit pour réduire à 2 mg/j. Les patients du groupe placebo qui n’avaient pas obtenu de réponse clinique (SALT ≤20) à S36 étaient randomisés soit dans le groupe BARI 2mg/j soit dans le groupe BARI 4mg/j.
Les résultats de l’étude ont montré qu’à S152, 58,5 % (24/41) des patients passés à 2 mg ont maintenu la réponse contre 88,6% (39/44) des patients restés à 4 mg ; 36,6 % des patients traité par BARI 2 mg/j ont connu une rechute (SALT >20). Le risque de perte d’efficacité après réduction était plus faible chez les patients avec une réponse soutenue et un SALT ≤5 à S52. En effet, 29,6 % ont montré une perte d’efficacité lorsque le SALT était ≤5 à S52 alors que 50,0 % ont montré une perte d’efficacité lors de la réduction de dose lorsque le SALT était entre 5 et 20 à S52. A la réduction de dose, les taux de réponse sur la repousse des sourcils et des cils restaient stables : 80,0 % à S52 vs 79,2 % à S152 et 87,0 % à S52 vs 91,3 % à S152 respectivement.
Les facteurs de prédiction d’une perte d’efficacité après réduction de dose étaient : le début précoce de la maladie (22,1 ans vs 30,5 ans chez ceux ayant maintenu la réponse), une durée plus longue d’évolution de la maladie (11,4 ans vs 8,2 ans), une atteinte plus sévère au départ des cils et des sourcils (73 % avaient un score ClinRO sourcils de 2 ou 3 vs 50 % chez ceux sans perte, 67 % avaient un score ClinRO cils de 2 ou 3 vs 50 % chez ceux sans perte). Parmi les patients ayant perdu la réponse après la réduction et ayant été retraités à 4 mg, 75,0% ont eu une réponse clinique (SALT ≤ 20) au moment de l’analyse.
Les profils de sécurité étaient comparables entre le groupe BARI 2 et BARI 4. Il n’y a pas eu d’effet indésirable grave.
La limite de l’étude était que la réduction de dose ne prenait pas en compte les facteurs cliniques individuels (gravité initiale, stabilité, comorbidités…). En pratique, il faut s’adapter au patient pour savoir quand tenter une réduction de dose puisqu’1/4 des patients ne présenteront pas de repousse à la réaugmentation de dose.
King B, Ohyama M, Senna M, Shapiro J, Dutronc Y, Durand F, Liu C, Yu G, Kolodsick J, Chiasserini C, Somani N, Piraccini BM. Outcomes of down-titration in patients with severe scalp alopecia areata initially treated with baricitinib 4-mg: Week 152 data from BRAVE-AA2. J Am Acad Dermatol. 2025 Feb;92(2):299-306. doi: 10.1016/j.jaad.2024.09.072. Epub 2024 Oct 22. PMID: 39447758.
MEDECINE INTERNE
La sarcoïdose sous-cutanée (SSc) est une variante rare de sarcoïdose, caractérisée par des nodules sous-cutanés et souvent associée à des manifestations systémiques. Cette étude rétrospective française multicentrique analyse 80 patients atteints de SSc et les compare à 80 patients avec une sarcoïdose cutanée (Sc).
Les résultats montrent que les patients atteints de SSc présentent plus fréquemment des nodules non inflammatoires sur les membres (85 % vs 31 % Sc), moins d'atteintes faciales (35 % vs 64 %), et davantage d'atteintes systémiques à type d’adénopathies médiastinales (74 % vs 46 %) et de manifestations rhumatologiques (35 % vs 8 %). L’élévation de l’ACE est plus fréquente dans la SSc.
Le traitement de première ligne inclut l'abstention thérapeutique (18 % des cas), l'hydroxychloroquine (66 %) ou les corticoïdes (54 %). La rémission complète est plus fréquente dans la SSc (59 % vs 35 % dans la Sc), notamment dans les cas d’abstention thérapeutique (79% de rémission) ou sous hydroxychloroquine seule (66 % de rémission). L'étude suggère que la SSc a un pronostic favorable, justifiant parfois une abstention thérapeutique ou éventuellement de l’hydroxychloroquine en première intention.
Les limites incluent le design rétrospectif, l'absence de randomisation. Malgré ces biais, l'étude fournit des insights utiles pour la prise en charge du SSc, en soulignant son évolution souvent bénigne comparée à la Sc.
Chauffier J, Chasset F, Battistella M, Jachiet M, Vignon Pennamen MD, Cohen E, Dupin N, Lheure C, Begon E, Bessis D, de Masson A, Jachiet V, Gottlieb J, Teboul A, Bergeret B, Brenaut E, Debarbieux S, Gazengel P, Tazi A, Nunes H, Bouaziz JD, Mahévas T; Groupe d’étude des maladies systémiques en dermatologie (EMSED). Favorable prognosis of subcutaneous sarcoidosis: French cohort of 80 patients compared with dermal sarcoidosis. J Am Acad Dermatol. 2025 Feb;92(2):329-332.
https://doi.org/10.1016/j.jaad.2024.09.074
L’iberdomide, modulateur de la protéine cereblon, cible Ikaros et Aiolos, facteurs impliqués dans le lupus érythémateux systémique (LES). Cette étude de phase 2 randomise (2:2:1:2) 288 patients avec LES actif pour recevoir iberdomide (0,15, 0,30 ou 0,45 mg) ou un placebo, en plus de leur traitement de fond, pendant 24 semaines, avec suivi jusqu’à 104 semaines. L’activité cutanée est évaluée via le score CLASI-A, et les groupes sont stratifiés selon la dose de corticoïdes et le score SLEDAI.
À l’inclusion, 28 % des patients ont un CLASI-A ≥8 ; les formes de lupus cutané sont aiguës (56 %), subaiguës (16 %) ou chroniques (29 %), avec une répartition inégale entre groupes (possibilité de présenter plusieurs formes en même temps, sans stratification).
À 24 semaines, iberdomide 0,45 mg ne montre pas d’efficacité globale significative (CLASI-50 : 55,6 % vs 44,6 % ; p = 0,16), mais améliore nettement les formes subaiguës (91,7 % vs 52,9 % ; p = 0,035) et chroniques (62,1 % vs 27,8 % ; p = 0,029). Les formes aiguës ne répondent pas mieux que le placebo, avec des fortes réponses au placebo (autour de 50%) peut-être en lien avec la nature plus fugace de ce type de lésion.
Les effets cliniques semblaient indépendants du niveau basal d’expression des gènes de la signature IFN de type I ou d’Aiolos. Les effets se maintenaient jusqu’à 52 semaines, puis restaient stables ou légèrement diminués à 104 semaines. L’iberdomide était globalement bien toléré sur 2 ans. Les effets indésirables les plus fréquents étaient des infections urinaires, des neutropénies, des élévations d’enzymes hépatiques et des éruptions cutanées.
Les limites de l’étude sont la taille des sous-groupes (≈80), l’hétérogénéité des traitements de fond et une classification des formes cliniques non centralisée. En conclusion, l’iberdomide pourrait être utile dans les formes subaiguës et chroniques de lupus cutané, mais son efficacité doit être confirmée en phase 3.
Werth VP, Merrill JT, Furie R, et al. Effect of iberdomide on cutaneous manifestations in systemic lupus erythematosus: A randomized phase 2 clinical trial. J Am Acad Dermatol. 2025;92(3):435-443. doi:10.1016/j.jaad.2024.09.074
Le syndrome antisynthétase (SAS) est une maladie rare caractérisée par des auto-anticorps anti-aminoacyl tRNA synthetase (anti-ARS) et des manifestations cliniques variées (myosite, pneumopathie interstitielle, etc.). L’absence de critères de classification standardisés entraîne des difficultés diagnostiques et thérapeutiques. Définir le SAS uniquement sur des critères cliniques entraîne beaucoup d’erreurs de classification.
L’étude utilise une analyse multicritères pour pondérer l’importance des critères diagnostiques, basée sur l’avis d’experts internationaux et des données cliniques. Les variables incluent les auto-anticorps, les manifestations pulmonaires, musculaires et cutanées (comme les "mains de mécanicien").
Les anti-ARS (notamment anti-Jo1) ont le poids le plus élevé (21,7 %) pour la classification du SAS. La pneumopathie interstitielle (15,3 %) et la myosite (12,0 %) sont les manifestations cliniques les plus discriminantes. Les mains de mécaniciens / pied de marcheur ont un poids de 9,7% dans ce modèle de classification et les autres signes cutanés un poids plus faible (7% pour les éruptions inflammatoires dermatomyosite-like et 4,4% pour le Raynaud). Les critères proposés atteignent une sensibilité de 87,6 % et une spécificité de 84,0 % (AUC = 0,932).
Les limites de cette étude incluent des biais possibles liés à la sélection des experts (19 participants), la variabilité des tests sérologiques commerciaux disponibles pour évaluer les anti-ARS non-Jo1 (faible sensibilité en particulier dans les cas de faible probabilité pré-test). Le modèle est actuellement complexe et nécessite une simplification pour une utilisation clinique mais il offre néanmoins des critères robustes pour classer le SAS, combinant sérologie et clinique.
Zanframundo G, Dourado E, Bauer-Ventura I, Faghihi-Kashani S, Yoshida A, Loganathan A, Rivero-Gallegos D, Lim D, Bozán F, Sambataro G, Bae SS, Yamano Y, Bonella F, Corte TJ, Doyle TJ, Fiorentino D, Gonzalez-Gay MA, Hudson M, Kuwana M, Lundberg IE, Mammen A, McHugh N, Miller FW, Montecucco C, Oddis CV, Rojas-Serrano J, Schmidt J, Selva-O'Callaghan A, Werth VP, Hansen P, Rozza D, Scirè CA, Sakellariou G, Kaneko Y, Triantafyllias K, Castañeda S, Alberti ML, Merino MGG, Fiehn C, Molad Y, Govoni M, Nakashima R, Alpsoy E, Giannini M, Chinoy H, Gallay L, Ebstein E, Campagne J, Saraiva AP, Conticini E, Sebastiani GD, Nuño-Nuño L, Scarpato S, Schiopu E, Parker M, Limonta M; CLASS project participating investigators; Cavagna L, Aggarwal R. The role of multicriteria decision analysis in the development of candidate classification criteria for antisynthetase syndrome: analysis from the CLASS project. Ann Rheum Dis. 2025 Mar 18:S0003-4967(25)00204-3. doi: 10.1016/j.ard.2025.01.050. Epub ahead of print. PMID: 40107904.
L’anifrolumab est un anticorps monoclonal dirigé contre le récepteur de l’interféron de type I (IFNAR1). Il est approuvé pour le lupus érythémateux systémique (LES) modéré à sévère réfractaire aux traitements standards.
Il s’agit d’une étude rétrospective monocentrique, 20 patients ont été inclus, dont 11 femmes, l’âge moyen était de 42 ans, le suivi médian de 4 mois (1 à 6 mois). Tous les patients avaient un LES avec atteinte cutanée confirmée (LEC). Les sous-types de LEC étaient principalement : discoïde (70 %), aigu (45 %), subaigu (25 %), à type de panniculite (25 %), engelures (20 %), tumidus (10 %).
65% des patients présentaient plusieurs sous-types d’atteinte cutanée. Les atteintes systémiques associées étaient le plus souvent des arthralgies (80 %), des symptômes généraux (45 %), une atteinte rénale (40 %), hématologique (40 %), cardiopulmonaire (25 %), un syndrome de Sjögren associé (15 %). Une médiane de 4 lignes de traitement avait été prescrits avant l’anifrolumab (2–10), 100 % avaient reçu de l’hydroxychloroquine, 95% des corticoïdes, 85% du méthotrexate, 30% du thalidomide et 25% du belimumab ; 80% recevaient un traitement concomitant au début de l’anifrolumab.
Sur le plan de l’efficacité sur l’atteinte cutanée (score CLASI) : le CLASI médian initial était de 8 (5–13). L’amélioration était significative avec une réduction de -50 % à M1 (p = 0,0027), -87,5 % à M3 (p = 0,0006), -100 % à M5 (p = 0,0003). La réponse était particulièrement bonne pour les formes discoïdes et subaiguës. Il y avait moins d'effet observé dans le CLE aigu, cela pourrait être lié à la faible puissance statistique. La tolérance était bonne, les effets indésirables non graves étaient des arthralgies, prurit post-infusion (1 patient), une réactivation herpétique labiale (2), un zona (1), une infection virale ORL (2), une diarrhée aiguë (1). Aucun événement indésirable grave n’a été décrit. Deux patients ont arrêté le traitement pour cause d’effets secondaires et perte de suivi.
En conclusion, l’anifrolumab montre une efficacité rapide et marquée sur les lésions cutanées du lupus dès la 1ère perfusion, en particulier dans les formes discoïdes et subaiguës, chez des patients multirésistants. Le traitement est globalement bien toléré, mais une surveillance des infections virales est nécessaire en raison du mécanisme d’action. Une des limites de ce traitement est qu’il est, pour l’heure, disponible qu’en perfusion intraveineuse et doit donc être réalisé à l’Hôpital.
Kanbar Y, Jachiet M, Grolleau C, Charvet E, Cordoliani F, Paugoy H, Lepelletier C, Karaa S, Mauppin C, Bozonnat A, Cassius C, Mahevas T, Bouaziz JD. Efficacy and safety profile of anifrolumab in skin lesions of systemic lupus erythematosus. J Eur Acad Dermatol Venereol. 2025 Mar 7. doi: 10.1111/jdv.20616. Epub ahead of print. PMID: 40052237.
DERMATOLOGIE PEDIATRIQUE
10.1001/jamadermatol.2024.4824
La kératodermie palmoplantaire (KPP) est une maladie hétérogène, tant sur le plan clinique que génétique, ce qui rend son diagnostic complexe. Les connaissances actuelles reposent principalement sur des cas isolés ou de petites séries, et l'utilité d'un dépistage génétique systématique reste à préciser.
Cette étude danoise prospective inclut 142 patients issus de 76 familles entre 2016 et 2022. Les chercheurs classent les patients selon les sous-types cliniques (ponctué, diffus, focal ou strié) et réalisent des tests génétiques par séquençage ciblé ou Sanger.
Les résultats montrent que la forme ponctuée est la plus fréquente (55%), suivie de la forme diffuse (34%). Un diagnostic génétique a été établi pour 83% des familles. Le gène AAGAB est majoritairement impliqué dans les formes ponctuées (39 cas), tandis que douze autres gènes, dont DSG1 et DSP, sont associés aux autres sous-types avec plus de difficultés à classifier les patients. Les variants de DSP nécessitent une attention particulière en raison du risque de cardiomyopathie.
Les limites de l'étude incluent un recrutement principalement régional, l'absence de diagnostic pour 17% des cas et l'évaluation partielle de certains patients par photographies.
En conclusion, ce travail affine la compréhension génétique de la KPP et confirme l'intérêt du dépistage génétique, notamment pour identifier les patients à risque de complications extracutanées.
Gram SB, Brusgaard K, Lei U, et al. Clinical and Genetic Findings in Patients With Palmoplantar Keratoderma. JAMA Dermatol. 2025;161(2):157-166. doi:10.1001/jamadermatol.2024.4824
https://doi.org/10.1016/j.jaad.2024.08.076
Le syndrome BASCULE (Bier Anemic Spots + Cyanosis + Urticaria-Like Eruption) est une affection vasomotrice transitoire bénigne encore peu étudiée. Il se manifeste par une triade de lésions cutanées sur les membres inférieurs, déclenchées en position debout, avec un lien suspecté à une dysautonomie. Cette étude rétrospective menée au CHU Sainte-Justine (Montréal) décrit 42 cas pédiatriques présentant la triade caractéristique.
L’âge médian de début est de 12 ans, avec une distribution bimodale (petite enfance et adolescence) et une prédominance féminine (~3F/1M). Les éruptions durent moins de 10 minutes plus de 2/3 des cas et concernent les jambes dans 93% des cas. Les symptômes associés incluent prurit (52%), paresthésies (29%) et signes de dysautonomie (34% des 4–18 ans).
Les déclencheurs fréquents sont la position debout (81%), les douches (63%), et les environnements chauds ou froids (25% chacun). Chez les enfants de 4 à 18 ans, on note une forte prévalence de comorbidités neuropsychiatriques : TDAH (47%), anxiété (59%), migraines (44%), ainsi que de dysautonomie : intolérance orthostatique (59%), vasovagalisme (34%), syndrome de tachycardie orthostatique posturale (POTS, 13%). L’usage de psychostimulants pour un TDAH est fréquent (41%), avec un potentiel rôle aggravant sur les symptômes autonomes (69% des usagers présentent une dysautonomie contre 59% dans l’ensemble du groupe).
Les traitements proposés (anti-H1 et bas de contention) ont une efficacité variable. À 3,5 ans de suivi en moyenne, le syndrome est encore actif chez 1 patient sur 2, a régressé chez 29% et s’est résolu chez 17%. La résolution complète est fréquente chez les 0-3 (60%) contrairement aux 4-18 ans (3%), suggérant une implication de l’immaturité du système nerveux autonome chez les plus jeunes.
Les limites incluent la nature rétrospective de l’étude, des biais de rappel et de sélection, ainsi qu’un recrutement monocentrique. Néanmoins, cette série constitue une large description pédiatrique du syndrome BASCULE et renforce l’hypothèse d’une origine dysautonomique.
Kearns-Turcotte S, McCuaig C, Powell J, et al. Pediatric Bier anemic spots, cyanosis and urticaria-like eruption syndrome in 42 patients: A peek into dysautonomia. J Am Acad Dermatol. 2025;92(1):159-161. doi:10.1016/j.jaad.2024.08.076
https://doi.org/10.1016/j.jaad.2024.09.029
Les erreurs innées de l’immunité (IEI) regroupent plus de 500 affections génétiques rares, souvent associées à des manifestations inflammatoires cutanées de type dermatite atopique (DA). Les traitements immunosuppresseurs classiques sont à risque, et il n’existe pas de prise en charge codifiée. Cette étude multicentrique rétrospective française évalue l’efficacité du dupilumab et sa tolérance dans une cohorte pédiatrique et adulte atteinte d’IEI (n=37, âge médian 16 ans [4 mois-72 ans]).
Les principales IEI représentées sont les déficits immunitaires combinés (68%), notamment liés aux mutations de STAT3 (27%) et DOCK8 (16%). L’indication principale du dupilumab était un eczéma sévère ou un eczéma-prurigo (respectivement 73% et 27%), avec une surface corporelle moyenne de 44% avec une durée moyenne d’évolution de 11 ans à l’introduction.
À M3, 89,2% des patients présentaient une amélioration clinique, dont 27% avec une réponse complète. À M12, parmi les 24 patients encore traités, 62,5% avaient une réponse complète. Le dupilumab s’est révélé significativement plus efficace chez les patients avec mutation perte de fonction de STAT3 que chez ceux avec déficit DOCK8 (p = 0,032 à M6), en lien avec une différence de mécanisme physiopathologique, malgré un phénotype souvent semblable (anciennement regroupés dans le syndrome hyper IgE).
La tolérance globale est bonne. 13 patients (35,1%) ont rapporté des effets indésirables, le plus fréquent étant oculaire (13,5%), comparable aux taux observés dans les DA classiques. Un seul cas de psoriasis paradoxal a conduit à l’arrêt du traitement (individus atteint de déficit en CARMIL2). Les infections ont été rares (10,8%) et généralement bénignes.
Sur les paramètres objectifs, la surface corporelle atteinte passe de 44% à 6% en moyenne entre M0 et M12 et le prurit chute de 7 à 1 en moyenne (échelle VAS/10). Une éosinophilie transitoire a été observée chez 73% des patients testés au premier mois, comme parfois chez les DA classiques.
Cette étude suggère que le dupilumab est un traitement efficace et bien toléré, pour les eczémas sévères associés aux IEI. Il pourrait devenir un traitement systémique de première intention après échec des corticoïdes topiques. Toutefois, les limites incluent l’absence de groupe contrôle, le caractère rétrospectif et la taille modeste de l’échantillon.
Guillemin C, Bellon N, Jachiet M, et al. Dupilumab in atopic-dermatitis-like eczema associated with inborn errors of immunity: A nationwide study. J Am Acad Dermatol. 2025;92(1):165-168. doi:10.1016/j.jaad.2024.09.029
https://doi.org/10.1093/bjd/ljaf062
Cette étude décrit un nouveau type d’ichtyose syndromique autosomique dominante liée à des variants du gène KLF4, un facteur de transcription crucial pour la différenciation épidermique.
4 patients non apparentés (de Chine, Israël et États-Unis), porteurs de variants hétérozygotes affectant le résidu Asp441 de KLF4 (c.1322A>G ; p.Asp441Gly ou c.1323T>A ; p.Asp441Glu), présentent un phénotype clinique commun : ichtyose congénitale, kératodermie palmoplantaire, dystrophie unguéale, hypotrichose, kératose périorificielle, ainsi que surdité neurosensorielle, lymphœdème et autres anomalies systémiques. Les symptômes cutanés apparaissent dès la naissance et les atteintes systémiques s’installent progressivement.
L’analyse structurale in silico montre que la substitution d’Asp441 perturbe la stabilité de la structure en hélice α du domaine à doigt de zinc (ZF2) de KLF4, réduisant ses interactions ADN. Les tests de luciférase, visant à évaluer l’activité transcriptionnelle des différents variants, confirment une baisse significative de l’activité transcriptionnelle des 2 variants suspects. Des organoïdes cutanés dérivés de cellules souches embryonnaires humaines éditées (portant le variant p.Asp441Glu) reproduisent les défauts de morphogenèse épidermique observés chez les patients, avec dans 100% des cas perte précoce de la structure épithéliale et absence de follicules pileux. L’analyse transcriptomique de ces organoïdes montre une baisse de l’expression des gènes liés à la différenciation kératinocytaire et au développement épithélial.
Deux cibles transcriptionnelles majeures de KLF4 sont identifiées comme fortement sous-exprimées dans les tissus des patients : KLK7 et WNT10A.
Cette nouvelle entité génodermatosique met en lumière le rôle central de KLF4 dans la kératinisation, l'homéostasie du follicule pileux et le développement d’autres organes. Les variants affectant Asp441 semblent exercer un effet dominant négatif plus sévère que les variants KLF4 précédemment décrits (qui auraient des phénotypes plus limités type phakomatose pigmento-kératosique ou érythrokératodermie symétrique progressive.
Les limites de l’étude incluent le faible nombre de cas (comme presque toujours en cas de maladie orpheline), l'absence de modèles animaux et le besoin de confirmation fonctionnelle in vivo.
Wang Z, Liu J, Wechsberg O, et al. Variants in KLF4 affecting residue Asp441 cause an autosomal dominant syndromic ichthyosis. Br J Dermatol. 2025;193(1):136-146. doi:10.1093/bjd/ljaf062
La pemphigoïde des muqueuses (PM) est une maladie bulleuse auto-immune rare, touchant la jonction dermo-épidermique, avec prédominance d’atteinte muqueuse et tendance aux cicatrices. Elle est exceptionnelle chez l’enfant. L’objectif de cette étude était de mieux caractériser les aspects cliniques, histologiques, immunologiques et thérapeutiques de la PM pédiatrique.
Il s’agit d’une étude descriptive rétrospective multicentrique. 12 enfants (<18 ans) ont été inclus, le diagnostic était confirmé par histologie ± immunofluorescence directe. L’histologie montrait une bulle sous-épidermique avec infiltrat inflammatoire chez tous les patients. L’immunofluorescence directe était positive chez 10/12. Dans 1 cas, elle était négative mais l’immunofluorescence indirecte était positive. Dans un autre cas, tous les tests étaient négatifs mais la corrélation clinico-pathologique a permis de retenir un diagnostic de PM probable. Les résultats montrent que les patients étaient plus fréquemment des filles (11 filles/12), l’âge médian de début était de 7 ans et 8 mois, le délai médian de confirmation histologique était de 4 mois ; immunologique de 6 mois.
L’atteinte muqueuse était souvent multiple, au niveau génital (7/12) l’atteinte correspondait le plus souvent à une vulvite érosive (5), une cloque clitoridienne (1), ou une balanite (1), au niveau oral à une gingivite érosive (5), des bulles ORL étaient retrouvées chez 1 enfant, une atteinte nasale chez 2 enfants (croûtes), 1 enfant présentait une atteinte oculaire (conjonctivite fibrosante) et 1 enfant présentait une atteinte pulmonaire (avec sténose bronchique). Les cicatrices étaient retrouvées chez 42% des enfants (5). L’atteinte cutanée était retrouvée chez ¼ des enfants (3). Sur le plan thérapeutique, les enfants étaient le plus souvent traités par topiques (dermocorticoïdes forts) (7/12), peu efficaces (1 seul cas). Les traitements systémiques les plus utilisés était : la dapsone (8), la doxycycline (5), les corticoïdes oraux (3), le rituximab (2), les immunoglobulines polyvalentes (1), l’omalizumab (1), autres (sulfasalazine, érythromycine). Le suivi médian était de 4 ans, le nombre moyen de traitements/patient était de 4. La rémission complète était obtenue dans 5 cas/12 soit 42% et la rémission partielle dans 7 cas/12 soit 58%. Un maintien de traitement était souvent nécessaire (50% des cas, 6/12), 3 cas ont présenté des rechutes.
En conclusion, la MMP pédiatrique touche majoritairement les filles entre 5 et 10 ans, le diagnostic est difficile et souvent retardé, nécessitant parfois plusieurs biopsies. La confirmation immunologique peut être absente et ne doit pas retarder le traitement. L’atteinte génitale est fréquente (versus l’atteinte orale chez l’adulte). Il existe des formes sévères graves, comme l’atteinte pulmonaire fibrosante (il s’agit du premier cas pédiatrique décrit) et il y a un risque de complications infectieuses liées aux traitements. La dapsone et la doxycycline sont efficaces dans les formes modérées.
Chêne L, Le Roux-Villet C, Martin L, Lasek-Duriez A, Miquel J, Aubert H, Macagno N, Vitek L, Lombart F, Morand JJ, Bourrat E, Chiaverini C, Richard MA, Mallet S; Groupe de Recherche de la Société Française de Dermatologie Pédiatrique, Groupe Bulles de la Société Française de Dermatologie. Characterization of mucous membrane pemphigoid in childhood: A multicentre study of 12 cases. J Eur Acad Dermatol Venereol. 2025 Mar 29. doi: 10.1111/jdv.20675. Epub ahead of print. PMID: 40156233.
IMAGERIE & NOUVELLES TECHNOLOGIES
https://doi.org/10.1016/j.jaad.2024.10.070
La présence d’un voile bleu-blanc (VBB) en dermoscopie est un critère classique d’alerte pour le mélanome malin (MM), mais peut aussi apparaître dans des kératoses séborrhéiques (KS), rendant le diagnostic difficile. Cette étude rétrospective vise à identifier des combinaisons de critères dermoscopiques permettant de distinguer avec plus de précision KS et MM quand un VBB est présent.
Les auteurs analysent 231 lésions (110 MM et 121 KS) confirmées histologiquement et présentant un VBB. Sur ces cas, 91 MM et 62 KS font l’objet d’un consensus entre trois dermoscopistes quant à la présence du VBB. Les images sont examinées en lumière polarisée et non polarisée, afin d’identifier les structures dermoscopiques associées à chaque diagnostic. Les structures spécifiques aux MM comprennent : réseau pigmentaire, globules, réseau négatif, lignes angulées, stries, taches, structures de régression, vaisseaux et structures blanches brillantes. Les signes spécifiques aux KS sont : kystes de milium et/ou pseudo-comédons, aspect cérébriforme.
Les résultats montrent que certaines combinaisons de critères sont très évocatrices de KS : 56 % des KS présentent un VBB couvrant toute la lésion associé à des kystes de milium et/ou pseudo-comédons, sans autre signe de MM – une configuration absente dans tous les MM. Par ailleurs, les kystes de milium / pseudo-comédons sont observés dans 92 % des KS contre seulement 3 % des MM (OR < 0.01, p < 0.001). La présence de structures blanches brillantes dans le VBB est plus fréquente dans les MM (60 % contre 15 % des KS). L’analyse des images en non polarisée permet une meilleure visualisation des kystes de milium / pseudo-comédons, tandis que les stries blanches brillantes sont mieux vues en lumière polarisée.
Les auteurs proposent un algorithme simple : en présence d’un VBB, si des kystes de milium / pseudo-comédons sont présents et qu’aucune structure spécifique de MM n’est détectée, la lésion est très probablement une KS. Dans tous les cas douteux, ou si des signes de MM sont présents, une biopsie s’impose. L’application de cet algorithme permettrait de réduire jusqu’à 49 % des biopsies inutiles de KS, sans manquer de MM.
Les conclusions reposent sur des cas avec consensus entre experts pour la présence du VBB, ce qui pourrait ne pas refléter la pratique clinique réelle, où les interprétations sont plus variables. De plus, les tumeurs en collision, non incluses ici, restent un piège diagnostique potentiel.
Dana IN, Kurtansky NR, Pastore LM, et al. Differentiating seborrheic keratosis from melanoma among lesions exhibiting blue-white veil: A retrospective study. J Am Acad Dermatol. 2025;92(3):480-486. doi:10.1016/j.jaad.2024.10.070
DERMATO-PATHOLOGIE
Le diagnostic précoce du mélanome améliore nettement la survie, mais il reste difficile, notamment pour les formes précoces et les lésions in situ. L’histologie est le standard, mais plusieurs études ont déjà montré une variabilité interobservateur importante, surtout entre naevus atypiques et mélanomes fins. Pourtant, ces diagnostics servent aussi de base à l’entraînement des modèles d’intelligence artificielle (IA), de plus en plus utilisés en dermatologie. Cette étude prospective multicentrique allemande évalue la concordance entre 8 pathologistes experts sur 792 lésions pigmentées suspectes de mélanome.
Une concordance complète entre les 8 experts est atteinte dans seulement 53,5 % des cas. Une majorité (≥5 sur 8) est atteinte dans 90,9 % des cas. Les désaccords sont particulièrement fréquents pour les mélanomes non invasifs (NIM) : seulement 10/73 cas avec accord complet. L’accord mesuré par le κ de Fleiss est globalement bon (κ = 0,70), mais très variable selon le type de lésion : Nevus : κ = 0,74 ; mélanome invasif : κ = 0,73 ; autres diagnostics : κ = 0,81 ; mélanome in situ : κ = 0,43 (seulement « modéré »)
Le panel d’experts revoit le diagnostic initial posé par les pathologistes locaux dans 14,9 % des cas, et celui des dermatologues dans 33,5 %. Les désaccords concernent principalement les NIM et les mélanomes fins (pT1), avec un taux de discordance de 33 % dans cette sous-catégorie. Cependant, le panel d’experts n’avait pas accès à l’immunohistochimie ni aux images cliniques, éléments pourtant parfois cruciaux en pratique, pouvant induire un biais important. De plus, les données proviennent uniquement d’hôpitaux universitaires allemands, ce qui limite la généralisation aux pratiques internationales. Enfin, le gold standard retenu (majorité d’experts ou arbitrage par un expert senior) reste discutable dans les cas les plus litigieux.
Le diagnostic du mélanome, en particulier in situ, montre une variabilité préoccupante même entre pathologistes très expérimentés. Cette incertitude diagnostique a des conséquences importantes : surdiagnostic avec biopsies inutiles, ou à l’inverse, risque de sous-traitement. Pour fiabiliser l’IA et améliorer la qualité des soins, les auteurs suggèrent d’impliquer systématiquement au moins deux pathologistes ou un panel virtuel pour les cas douteux. Cette étude souligne aussi l’intérêt de créer des bases de données bien annotées pour entraîner les algorithmes sur des données fiables.
Haggenmüller S, Wies C, Abels J, et al. Discordance, accuracy and reproducibility study of pathologists' diagnosis of melanoma and melanocytic tumors. Nat Commun. 2025;16(1):789. Published 2025 Jan 17. doi:10.1038/s41467-025-56160-x
REVUES DE LA LITTÉRATURE INTÉRESSANTES
Maternal JAK-Inhibitor Usage Associated with Increased Risk of Aborted Pregnancy. Dulai, Ajay S et al. “Maternal JAK-Inhibitor Usage Associated with Increased Risk of Aborted Pregnancy: A Systematic Review and Meta-Analysis.” The British journal of dermatology, ljaf113. 26 Mar. 2025, doi:10.1093/bjd/ljaf113
Somatic mosaicism in genetic errors of immunity. Cooper, Megan A. “Somatic mosaicism in genetic errors of immunity.” The Journal of allergy and clinical immunology vol. 155,3 (2025): 759-767. doi:10.1016/j.jaci.2024.11.038
RECOMMANDATIONS/CONSENSUS D'EXPERTS
Management of congenital ichthyoses. Mazereeuw-Hautier, Juliette et al. “Management of congenital ichthyoses: Guidelines of care: Part One: 2024 Update.” The British journal of dermatology, ljaf076. 28 Mar. 2025, doi:10.1093/bjd/ljaf076
International consensus statement on the use of ultrasound in hidradenitis suppurativa. Wortsman, X et al. “International consensus statement on the use of ultrasound in hidradenitis suppurativa.” Journal of the European Academy of Dermatology and Venereology : JEADV, 10.1111/jdv.20600. 18 Feb. 2025, DOI: 10.1111/jdv.20600
Il s’agit d’une revue subjective de la littérature, qui se veut la plus exhaustive possible, avec de courts résumés écrits par des internes de Dermatologie Vénérologie, qui ne sont évidemment pas les spécialistes des sujets abordés et dont le contenu n’engage que le pôle rédaction et les membres de l’association ayant participé à sa rédaction. Nous vous engageons à lire les articles sélectionnés pour vous faire votre propre idée. Nous serions heureux d’avoir vos retours et critiques au mail suivant : lisa.maudet@fdvf.org
Si vous souhaitez participer au projet « En BREF », vous pouvez aussi nous contacter.
Veille bibliographique coordonnée et rédigée par : Samy Belkaid (Lyon), Inès Chircop (Lyon), Nadia Ikhlef (Lyon), Lucas Klepfisch (Lyon), Emmanuel Ribereau-Gayon (Lyon)
